Deux nouvelles signatures en production de spectacles chez Costume

Photo par Andy Jon

Annie-Claude Deschênes

La multidisciplinarité est indissociable du processus créatif d’Annie-Claude Deschênes, qui continue sa perpétuelle quête personnelle d’unir musique et performance artistique en déformant les conventions préétablies du spectacle. Figure incontournable de la scène musicale indépendante montréalaise depuis presque vingt ans, elle s’est démarquée en tant que chanteuse, musicienne, autrice-compositrice-interprète et artiste visuelle au sein de Duchess Says et PyPy, deux groupes reconnus tant pour leurs performances électrisantes que leur sensibilité artistique. Son approche exploratoire de la mise en scène et de la conception sonore prend maintenant une nouvelle direction avec la genèse de ce projet solo : l’urgence qui caractérise son œuvre demeure, mais la frustration et l’agressivité font place à l’introspection et à la vulnérabilité. C’est sous son propre nom qu’Annie-Claude Deschênes compte explorer et se réinventer, animée par un besoin constant de créer en dehors de sa zone de confort.

Conçues pendant le confinement pour briser l’inertie, les pièces qui composent LES MANIÈRES DE TABLE, son premier album solo lancé au printemps 2024, n’étaient pas destinées à voir le jour publiquement. C’est en se familiarisant avec de nouvelles technologies (boîtes à rythmes, séquenceurs) que les idées conceptuelles et esthétiques qui le définissent ont commencé à se développer organiquement. À force de produire des trames composées à partir d'échantillonnages d’ustensiles, les codes de politesse qui règnent à table sont devenus une source d’inspiration, une forme de conformité qu’elle s’est amusée à déconstruire. En parallèle, une fascination pour les caméras de surveillance et autres technologies futuristes déjà désuètes s’est insérée dans son univers visuel. Ses expérimentations ont évolué progressivement jusqu’à devenir un projet abouti rappelant l'œuvre des pionniers de la musique électronique. Inspiré entre autres par le minimalisme de Steve Reich, les textures synthétiques de Kraftwerk, la diversité stylistique musicale d’Herbie Hancock et l’approche de narration non traditionnelle du cinéma expérimental, LES MANIÈRES DE TABLE propose un son aussi dansant et mélodique qu’inquiétant et dystopique.

Laurence-Anne

L’univers musical de Laurence-Anne est composé de paysages. Pas seulement ceux qui l’entourent, mais aussi ceux qu’elle fabrique quand son esprit divague, qu’il prend le dessus sur la réalité. Ces paysages prennent diverses formes, mais se retrouvent le plus souvent constitués de mélodies envoûtantes, de synthétiseurs luxuriants, de rythmes synthétiques et de textures brumeuses, le tout enrobé de sa douce voix capable d’instaurer aussi bien le réconfort que l’inquiétude. Leur point en commun, c’est qu’ils sont tous indissociables de Laurence-Anne, intimement liés à ses expériences et profondément teintés de sa perspective.

En septembre 2023, Laurence-Anne révèle Oniromancie, un troisième album réalisé aux côtés de François Zaïdan qui s’avère plus dense, obscur et nocturne que ses précédents, sur lequel elle pousse plus loin les codes qui avaient déjà été instaurés sur Musivision. Sans doute son œuvre la plus conceptuelle à ce jour, Oniromancie est aussi celle qui s’inscrit le plus directement dans la dream pop, rappelant au passage les sonorités d’artistes tels que Beach House, Weyes Blood et Cocteau Twins. Toutefois, notre architecte de l’intangible ne s’y limite pas, incorporant des touches de coldwave et de musique expérimentale ici et là pour mettre en lumière les différentes facettes de la nuit, du rêve douceur aux cauchemars paralysants. L’écriture automatique y trouve aussi sa place, question de donner libre cours à son subconscient. En résulte une musique onirique et intime sur laquelle elle se dévoile plus que jamais tout en approfondissant le mystère qui l’entoure, qui parvient à envoûter en dévoilant un paysage qui n’existe que pour ceux qui tendent l’oreille.

Photo par Lawrence Fafard

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